Barun Biswas: Tué Pour Avoir Inspiré A Combattre Le Viol

The 50 Million Missing Campaign Poster

Barun Biswas est né le 12 septembre 1972 dans le village de Sutia, au Bengale-Occidental. Ses professeurs à Sutia disent que c’était un garçon travailleur qui n’avait jamais peur de remettre l’autorité en question. Barun racontera plus tard qu’il s’agissait là de leçons apprises de ses parents, des paysans sans terre qui, malgré leur pauvreté, travaillèrent dur pour assurer une éducation à leurs enfants.

Après l’université, Barun passa l’examen d’entrée dans la function publique. S’il l’avait voulu, il aurait pu déménager en ville, gagner un bon salaire et vivre la vie confortable d’un bureaucrate.

Mais Barun voulait servir les gens de son village, faire quelque chose qui leur bénéficierait directement, et il pensait que le meilleur moyen de faire cela était de devenir instituteur.

A partir de l’an 2000, le village de Sutia fut assiégé. Un gang d’hommes le pilla, violant les femmes, tuant et extorquant les familles. Il y eut des rapports de police concernant 33 viols et plus de 12 meurtres. Mais la plupart des victimes ne déposèrent pas plainte parce qu’ils et elles étaient terrorisé-e-s. Le gang bénéficiait de connections politiques, donc même la police se refusait à les arrêter. Si quelqu’un tentait de déposer plainte, une femme de sa famille était enfermée et violée par les membres du gang des semaines durant. Parfois ces représailles concernaient toutes les femmes et filles d’une famille, et elles étaient toutes violées, y compris les petites filles et les vieilles femmes.

Ce siège a duré deux ans, puis en juillet 2002, quelques villageois se retrouvèrent sur la place principale pour trouver une solution, si solution il y avait. Ils tentèrent de convaincre d’autres villageois de les rejoindre dans un mouvement organisé, et distribuèrent des tracts. Mais les autres villageois, craignant les représailles, ont vite jeté les tracts. Personne ne voulait se joindre à leur cri de protestation.

Barun Biswas s’avança, prit le micro en main et s’adressa aux villageois : « Si  nous ne pouvons protéger nos filles, nos sœurs, nos épouses et nos mères, alors nous ne devrions pas vivre au sein d’une société civilisée. Si nous n’avons pas le courage de combattre les violeurs, alors nous méritons une punition plus sévère encore que celle qu’ils méritent ».

La foule commença à l’écouter, et de plus en plus de gens s’assemblèrent. A partir de ce moment, Barun prit le rôle de chef du mouvement contre le gang et pour que justice soit faite aux victimes. Il mit en place une association pour les droits des villageois (la Pratibandi Mancha). Après un combat incessant, après tant d’efforts pour persuader les victimes de déposer plainte et d’identifier leurs bourreaux, l’organisation réussit à faire emprisonner le chef du gang ainsi que certains de ses membres. Cela ne fut pas chose facile pour Barun ; les membres de l’association étaient souvent agressés et même blessés. Malgré tout, la paix finit par revenir à Sutia.

“Les femmes étaient violées et molestées devant leurs maris et enfants. Le gang avait des soutiens politiques, et personne ne pouvait les arrêter. Personne ne savait où commencer jusqu’à ce que Barun ne parle lors de ce meeting dans la rue. C’était là l’étincelle dont nous avions besoin, et ce mouvement se transforma en l’agitation qui a fini par mettre au fin au règne de la terreur ». C’est ce que déclara Hitlal Bayen, l’un des voisins de Barun qui rejoint son organisation.

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Plusieurs victimes de viols déposèrent plainte auprès de la police et identifièrent les criminels. Barun aida aussi deux d’entre ells à se marier. Les victimes de viols sont stigmatisées en Inde, vues comme « souillées »  et « impropres » au mariage. Sutia fit de lui un héros, mais Barun ne relâcha pas son engagement. Alors que la paix régnait enfin, des membres du gang complotaient pour le tuer.

Le 5 juillet 2012, Barun rentrait chez lui quand on lui tira dessus à bout portant. Alors même qu’il gisait sur les marches de la gare, se vidant de son sang, les gens avaient trop peur pour lui venir en aide. Mourant, il dut utiliser son dernier souffle pour appeler son oncle à l’aide lui-même. L’aide arriva trop tard. Barun était déjà mort. Il avait à peine 39 ans.

On July 5, 2012, Barun was returning home and was shot point blank as he emerged from the railway station. Even as he lay bleeding to death on the steps at the station, people were too afraid to approach him to help. With his dying breath he had to call his uncle on his mobile and summon help for himself.  Help came too late. By then Barun was dead. He was just 39 years old.

© The 50 Million Missing Campaign.  Tous Droits Réservés. Pour citer, merci de vous référer à nos conditions de copyright.

Voir Aussi (en Anglais):

Film sur la vie de Barun http://en.wikipedia.org/wiki/Proloy_(film)

La famille de Barun pense que le PartiTrinamool Congress Party avait quelque chose  à voir avec son meurtre http://timesofindia.indiatimes.com/city/kolkata/Family-suspects-TMC-hand-in-Baruns-murder/articleshow/22041232.cms

Sutia craint à nouveau les viols et la violence après la mort de Barun http://timesofindia.indiatimes.com/city/kolkata/Wholl-save-us-now-cries-rape-village/articleshow/14738969.cms

http://origin-headlinestoday.intoday.in/programme/barun-biswas-anti-rape-crusader-rape-sutia-village-west-bengal/1/305087.html

La Survivante du #viol collectif de #Suryanelli : « Aurais-je reçu plus de soutien si j’avais perdu la vie ? »

Traduit de l’Original par Diké

En janvier 1996, une écolière fut kidnappée, enfermée, violée et brutalisée par 42 hommes durant 40 jours. 16 ans plus tard, elle attend toujours que justice soit faite. Comme la loi indienne interdit de divulguer le nom des victimes de viol, la victime devint connue sous le pseudonyme de « Suryanelli girl » [la fille de Suryanelli, du nom de son village d’origine]. Pour lire le récit complet de son combat ininterrompu pour la justice, cliquez ici.

En Inde, après l’affaire du viol collectif de New Delhi dans un bus, dont la victime succomba aux blessures reçues, nombre de survivantes de viols collectifs violents ont posé la même question : auraient-elles reçu plus de soutien public si elles aussi avaient été tuées après le viol ? Pourquoi les femmes qui ont survécu à des viols collectifs violents en Inde, et qui se battent contre une police corrompue et un système criminel pour obtenir justice, ne reçoivent-elles pas le même type de soutien public, en Inde et à l’international, même si leurs cas sont aussi graves et connus que les affaires de Suryanelli et de Park street par exemple ? Pourquoi personne ne se bat à leurs côtés, alors qu’elles continuent leur combat, en dépit de tout le harcèlement causé par un système criminel et par la stigmatisation sociale ?
Ci-dessous, la victime de Suryanelli formule cette question dans ses propres mots :

suryanelli facelessVous ne connaîtrez peut-être jamais mon nom. Jusqu’à ma mort, je suis destinée à porter le poids de cette étiquette dont je ne peux me débarrasser. Je suis la fille de Suryanelli. Cela fait 17 ans que je me bats pour la justice, tandis que certains me désignent comme une « enfant prostituée » et d’autres comme la victime. Mais personne ne m’a jamais donné un surnom, tel Nirbhaya ou Amanat (trésor) [ainsi qu’on l’a fait pour la victime du viol collectif de Delhi]. Je ne serai jamais la fierté de la nation ou le visage des femmes abusées. Je ne suis plus l’écolière de 16 ans qui tomba amoureuse pour la première fois, et en perdit la vie.
Pourtant, à 33 ans, je me bats contre les mêmes cauchemars. Mon univers est une interminable route grise, qui s’étend de ma maison à l’église et au bureau.
Les gens ont tendance à ricaner lorsque je raconte les 40 jours au cours desquels je fus réduite à un corps féminin destiné à tous les usages qu’ils souhaitaient, vendue comme une bête de somme en cage, poussée dans des chambres obscures à travers la région, violée nuit et jour, frappée à coups de pied et de poing. Ils me demandent comment je peux me souvenir de tout cela, et moi, je me demande comment je pourrais un jour oublier ? Je tombe dans un sommeil perturbé chaque nuit, avec des flashs de ces jours-là qui me reviennent à l’esprit, et je me réveille dans un trou sombre et insondable, peuplé d’hommes poisseux et de femmes malveillantes.
Mon traumatisme ne se termina pas lorsqu’ils se débarrassèrent de moi, laissée pour morte près de ma maison. Avec le soutien de ma famille, j’ai porté plainte en pensant qu’il fallait empêcher que cela n’arrive à une autre fille. Je croyais bien faire, mais ce qui suivit m’a convaincue du contraire. L’équipe chargée de l’enquête m’exhiba à travers toute la région, en me demandant, sans arrêt, de décrire à nouveau tout ce qu’ils m’avaient fait subir. Les enquêteurs m’ont fait comprendre qu’être une femme n’est pas facile, en tant que victime ou survivante.
Je me sens soulagée que la fille de Delhi soit morte, sans quoi elle aurait dû faire face aux même questions teintées d’allusions pornographiques et omniprésentes, forcée de se justifier sans arrêt, et aurait dû passer sa vie à craindre sa propre ombre, sans le moindre ami. Lire la suite

Suzette Jordan : Mon nom n’est pas « La victime du viol de Park Street ! »

Traduit de l’original/ par Héloïse Metzger

En 2011, Suzette Jordan a été victime d’un viol collectif sur Park Street à Calcutta. Parce que la loi indienne interdit de révéler le nom et le visage des victimes de viol, sous peine de 2 ans de prison, les médias floutaient son visage et l’appelaient  »Park Street Rape Victim », soit  »La victime du viol de Park Street ». Récemment, Suzette a décidé de révéler son nom et son identité. Elle est probablement la seule d’un grand nombre de femmes indiennes à faire ceci. Elle explique pourquoi ci-dessous.

Mon nom est Suzette Jordan et je ne veux plus jamais être connue en tant que « la victime du viol de Park Street à Calcutta ».
Après l’incident, [la police] s’est moquée de moi. Ils ne me prenaient pas au sérieux. [Lors de l’examen médical] j’avais l’impression d’être un morceau de viande. Cela me rendait folle, me demandant ce qu’ils [les violeurs] m’avaient fait pendant que j’étais inconsciente. J’avais tellement mal. Je ne pouvais plus bouger. Je sombrais dans la dépression. Cela me terrifiait. Je me suis mise à m’isoler complètement. Je ne pouvais même pas aller jusqu’aux toilettes. Mon père devait me porter jusqu’aux WC. J’ai 37 ans. C’était si embarassant.

Les voisins ont rendu ma vie dans le quartier [où j’habitais avant] très difficile. On a voulu me faire ressentir que j’étais coupable de mon viol. Juste parce que j’avais été en boîte de nuit [avec un homme], on m’a fait ressentir que j’avais provoqué le viol. Quand mes filles allaient à l’école, quelques personnes les regardaient bizarrement et colportaient de fausses rumeurs.. Cela fait 11 ans que je suis mère célibataire.. Au lieu de [m’] admirer d’être à la fois une mère et un père, ils [me] dénigraient. Oh, c’est une mère seule. Son mari l’a quitté. Elle s’est sûrement prostituée. [Des représentants du gouvernement] ont dit que j’étais une prostituée alors qu’ils ne me connaissent même pas. [En faisant ceci ils] mettent également en danger le vie du vraie prostituée. Sont-[ils] en train d’essayer de dire que la parole [d’une prostituée] ne compte pas et n’importe qui peut lui faire subir ce qu’il veut ?

J’ai dû déménager de ma résidence et m’installer ailleurs dans la ville. S’il n’y avait pas eu mes deux filles, je me serais suicidée.

[De tous les métiers pour lesquels j’ai postulés], personne ne m’a jamais recontactée jusqu’à présent.. Suis-je sans valeur parce que j’avais été dans une boîte de nuit [le jour où j’ai été violée] ? Puisque les boîtes de nuit sont si terribles, vous devriez toutes les fermer. Je me suis mise à prendre énormément d’antidépresseurs et de somnifères. Je faisais des cauchemars. Je me réveillais en criant. J’étais sans-dessus-dessous.. Je me faisais du mal à moi-même. S’il n’y avait pas eu mes parents et mes bébés, c’est sûr que je serais morte.
[Maintenant, travaillant dans une association aidant les victimes de violences sexuelles et domestiques], je sens que je guéris, partageant la douleur [des autres victimes]. [Mais] je n’arrête pas d’entendre tellement d’histoires de viols, et je me sens étouffée par le silence complet des victimes, de leurs familles et sociétés.

Il y a peu de temps, j’ai rencontré la famille d’une victime de viol à Calcutta. Je me suis dit : « Pendant combien de temps va-t-on vivre avec la honte d’avoir été violées ? »
[Voilà pourquoi] J’essaye. Je me force à me remettre de la peur. Je ne peux pas m’arrêter de vivre parce que je suis une victime de viol. Je suis en vie et je veux me battre. J’ai besoin de me battre comme je suis, pas derrière un masque, pas derrière un écran, pas derrière une image floutée.
[Après ma décision de révéler mon nom et mon visage] un avocat a dit que je suis en train de détruire le caractère sacré du tribunal. Mais quand les portes du tribunal s’ouvrent, les familles entières des accusés sont dehors. Ils me photographient avec leurs téléphones. Où est mon caractère sacré ?

J’adore les discothèques. J’adore danser mais je n’y suis jamais retournée depuis. J’ai envie d’aller à une fête. Je veux m’habiller comme il me plaît. Mais j’ai très peur de faire cela. [Quant à la justice] je n’ai rien contre ces gens [Les politiciens, policiers et la société civile qui l’ont traquée.] [Mais] ils peuvent se faire pardonner en me faisant justice. Non seulement pour moi, mais pour toutes les femmes du pays dans le même cas que moi.

J’en ai assez de cacher ma véritable identité. J’en ai assez des règles de la société. J’en ai assez de me faire sentir honteuse. J’en ai assez d’avoir peur parce que j’ai été violée. C’en est trop !

Ne déformez [donc] pas ma voix, ne floutez [donc] pas mes photos. Mon nom est Suzette Jordan et je ne veux plus jamais être connue comme la victime du viol de Park Street à Calcutta.

Lorsqu’Une #Organisation Qui Combat Le #Viol le Perpétue Aussi !

robert de niro think

Traduit de l’Original par Roxane Metzger

 Par Rita Banerji

En novembre, un article circulant sur Internet sur un faux « festival du viol » en Inde a choqué beaucoup de gens parce qu’il semblait se moquer du viol !

Ironiquement, au même moment, un événement rassemblant des personnalités célèbres telles que Robert De Niro, le festival ‘THINK’ à Goa (état de l’ouest de l’Inde) faisait exactement cela – il se moquait du viol et des victimes de viols !

Le festival ‘THINK’ était organisé par Tehelka, l’un des magazines les plus radicaux et libéraux en Inde. Mais pour l’Inde, cette institution est bien plus encore. Le mot ‘Tehelka’ est devenu un synonyme de révolution et d’indignation publique pour la justice et l’égalité.

La portée de Tehelka est immense. Le magazine possède une influence énorme, à la fois en Inde et dans le monde entier. Cette année, son festival THINK s’est vanté de la présence d’invités tels que Robert De Niro, Amitabh Bachchan, Medha Patkar, Garry Kasparov, Tina Brown, Mary Kom, John Pilger, et bien d’autres encore.

meira paibisLe viol était l’un des grands problèmes de ce festival THINK 2013. Des survivantes de viols ainsi que des activistes indien-ne-s se sont exprimé-e-s au sein d’un forum intitulé The Beast in Our Midst(« La Bête Parmi Nous »). Il y avait aussi Suzette Jordan, qui a été victime d’un viol collectif, une arme pointée sur elle, et qui aide d’autres survivantes alors même qu’elle se bat encore pour que justice lui soit faite ; Harish Iyer, qui a été violée par ses proches dans son enfance, et qui s’est exprimée sur le fait que les violeurs ne sont pas tous des étrangers, mais souvent ceux que nous connaissons et à qui nous faisons confiance ; Sandhya, jeune femme de 16 ans et qui a été victime d’un viol collectif, dont la mère fut également victime de viol en réunion, puis tuée lorsque la famille déposa plainte ; Ima Ngambi, membre de Meira Paibis, une organisation de mères qui se sont déshabillées en public pour protester contre les violences et viols systématiques infligés aux femmes par l’armée indienne à Manipur ; Sœur Jesme, qui a été exposée aux abus sexuels dont les nonnes sont systématiquement victimes au sein de l’Église catholique en Inde ; Manisha Devi, qui expliqua que la partie la pire du viol consiste dans le comportement du système légal, policier et social, qui perpétue l’injustice infligée aux victimes.

Un autre cas de viol s’est pourtant déroulé pendant le festival, et qui allait sortir au grand jour quelques jours plus tard.

Cette affaire a choqué la nation, et l’a forcée à se demander pourquoi Tehelka perpétuait précisément le mal qu’il prétendait combattre.

Tarun Tejpal, le fondateur, éditeur en chef, et principal propriétaire de Tehelka, a déshabillé de force et molesté sexuellement une des plus jeunes journalistes à deux reprises pendant le festival. La journaliste avait pour mission de « chaperonner » Robert De Niro au festival. Apparemment, Tejpal utilisa comme excuse une visite dans la chambre de De Niro afin de piéger la victime dans l’ascenseur, où l’incident a eu lieu. Lorsqu’elle résista, et le supplia de s’arrêter, il lui dit qu’accepter l’agression serait le meilleur moyen de garder son travail ! Les détails de l’attaque, révélés Lire la suite

Lettre @WomenDeliver pour que l’organisation s’excuse auprès de la Survivante du #Viol de #Suryanelli

Traduit de l’Original par Roxane Metzger

Merci à toutes celles et tous ceux qui ont soutenu notre pétition, exigeant que l’organisation ‘Women Deliver’ s’excuse auprès de la Survivante du Viol de Suryanelli. Ci-dessous, vous trouverez une copie de la lettre que nous avons envoyée à ‘Women Deliver ‘, accompagnée de presque 20 000 signatures.

La pétition demeurera active jusqu’à ce que Women Deliver rende publiques des excuses directes à la survivante du viol de Suryanelli . Si vous ne l’avez pas encore fait, vous pouvez encore signer cette pétition sur Change.org, en cliquant ici /ou sur Causes.com en cliquant ici. 

Pour lire l’histoire de l’affaire de Suryanelli, cliquez ici

Pour lire une déclaration (en Anglais) de la survivante de Suryanelli, cliquez ici

Pour lire ce que dit (en Anglais) l’activiste Arundhati Roy sur l’affaire de Suryanelli, cliquez ici.

A:  Women Deliver

De: The 50 Million Missing Campaign : Les 50 Millions Manquantes

Re: Pétition exigeant des excuses directes auprès de la survivante du viol de Suryanelli.

Nous sommes une campagne globale qui travaille à mettre fin à la violence génocidaire qui a cours contre les femmes en Inde. La présente lettre a pour but de vous communiquer notre indignation devant votre choix d’ avoir invité P.J. Kurien, accusé dans l’affaire bien connue du viol collectif de Suryanelli en Inde, à prendre la parole dans votre conférence sur les femmes de 2013. Nous voulons également vous soumettre une pétition au nom de 19 572 signataires du monde entier, exigeant que vous rendiez publique vos excuses à la survivante du viol de Suryanelli.

Aussi indignant que votre invitation à Kurien ait été, nous avons été encore plus affligé-e-s par l’insensibilité de la déclaration que vous avez ensuite publiée, disant que vous n’étiez pas à l’époque conscients de ce que vous balayez comme « la controverse ». Il n’y avait aucune empathie, aucun soutien ou excuses directes adressés à la victime. C’est exactement le genre de langage et d’attitude par rapport au viol que les associations féministes du monde entier combattent encore.

Ceci est encore plus inacceptable de la part d’une organisation qui se dit travailler pour l’émancipation des femmes.

La victime de Suryanelli et sa famille viennent d’un petit village, et doivent lutter tous les jours pour survivre financièrement. Malgré cela, ils ont fait preuve d’un courage exemplaire en continuant leur combat pendant les 16 dernières années pour que justice soit faite, faisant face à des formes diverses et variées de harcèlement provenant de milieux officiels, ainsi qu’à la ségrégation sociale à laquelle son sujettes les victimes de viols en Inde. La survivante de Suryanelli s’est récemment demandé si le public l’aurait davantage soutenue si elle était morte comme la victime du viol collectif de Delhi (une question que se sont posée d’autres survivantes de viols collectifs brutaux en Inde), et pourquoi sa famille et elle-même sont obligés de tolérer les injures d’autres sections de la société aussi (voyez ceci ). Nous voulons qu’elle sache que les associations féministes sont au moins avec elle et que nous la soutiendrons jusqu’à ce que justice soit faite.

C’est pourquoi il est d’autant plus important que vous rendiez publique une déclaration officielle sur votre site internet en formulant des excuses directes auprès de la survivante de Suryanelli l’assurant de votre sympathie et de votre soutien. Nous avons joint à cette lettre les 19 572 signatures de notre pétition qui a été mise en ligne sur deux sites : Change.org et Causes.com. Nous avons aussi copié-collé certains des commentaires qui ont été publiés sur notre pétition pour que vous puissiez mesurer ce que les gens pensent de tout cela. Merci de noter que nous maintiendrons notre pétition en activité jusqu’à ce que vous rendiez publiques des excuses, et que vous changiez ce mal en bien.

Nous attendons avec impatience une action positive qui va donner du pouvoir à la survivante de Suryanelli ainsi qu’à d’autres survivant-e-s de viols et de violences à travers le monde.

Commentaires ouverts de soutiens à cette pétition :

J. Aster, Royaume-Uni: L’ignorance n’est pas une excuse pour cet affront. S’il vous plaît, faites toujours ce qu’il y a à faire.

B. Doonan, Espagne: Il est déjà choquant que cet homme formule des discours publics, étant données les charges contre lui, mais qu’une association soi-disant vouée aux droits des femmes (ou au moins à leurs droits en matière de procréation) n’ait pas été au courant du passé de leur invité est très décevant et offensant pour chaque victime de viol.

W. Bruun, États-Unis: Je suis aussi choqué(e) que cette soi-disant organisation féministe n’ait pas eu la décence de s’excuser immédiatement auprès de la victime – un autre exemple de femmes culpabilisant (« slut-shaming ») d’autres femmes ?

G. Johnson, Royaume-Uni: Ce respect basique et décent pour un autre être humain. Cette organisation ne semble que se soucier d’attirer des grands noms pour financer leur cause, et non pas de ceux qu’ils devraient en fait soutenir.

B. Blond, Australie: Si une victime de viol ne peut pas recevoir d’excuses complètes pour la trivialisation (même causée par l’ignorance) du crime commis par son violeur, comment pouvons-nous exiger des excuses des présentateurs TV et des interviewers radio pour leur insensibilité et leur traitement offensant des victimes ? Le fait que les associations féministes définissent le traitement public réservé au viol et aux victimes de viols est une notion plus que basique. En tant que survivante d’un viol à l’âge de 9 ans, je ne peux accepter la faible déclaration de Women Deliver. Une controverse, ce n’est pas ce qui est arrivé à la jeune fille, il s’est agi d’un acte de violence qui allait faire à jamais partie d’elle, et qui a changé sa vie pour toujours.

J. Claunch, États-Unis: Vous auriez du d’abord examiner le passé de cette personne, mais ce qui est fait est fait. Votre déclaration ne contient pas d’excuses, et les femmes d’Inde et du monde méritent mieux que cela. S’il vous plaît, levez-vous, faites le bon choix, montrez votre fibre morale, parlez haut et fort contre l’agression, montrez que vous avez de la compassion.

De

The 50 Million Missing Comité Administratif

Rita Banerji

Manvendra Bhangui

Caroline Martin

Roxane Metzger

Neil Pharr

Girendra Singh

Lars-Gunnar Svärd

Andrea Wlazik

A PROPOS DE LA TRADUCTRICE

Roxane Metzger est l’éditrice/coordinatrice du blog francophone de la 50 Million Missing Campaign.