Barun Biswas: Tué Pour Avoir Inspiré A Combattre Le Viol

The 50 Million Missing Campaign Poster

Barun Biswas est né le 12 septembre 1972 dans le village de Sutia, au Bengale-Occidental. Ses professeurs à Sutia disent que c’était un garçon travailleur qui n’avait jamais peur de remettre l’autorité en question. Barun racontera plus tard qu’il s’agissait là de leçons apprises de ses parents, des paysans sans terre qui, malgré leur pauvreté, travaillèrent dur pour assurer une éducation à leurs enfants.

Après l’université, Barun passa l’examen d’entrée dans la function publique. S’il l’avait voulu, il aurait pu déménager en ville, gagner un bon salaire et vivre la vie confortable d’un bureaucrate.

Mais Barun voulait servir les gens de son village, faire quelque chose qui leur bénéficierait directement, et il pensait que le meilleur moyen de faire cela était de devenir instituteur.

A partir de l’an 2000, le village de Sutia fut assiégé. Un gang d’hommes le pilla, violant les femmes, tuant et extorquant les familles. Il y eut des rapports de police concernant 33 viols et plus de 12 meurtres. Mais la plupart des victimes ne déposèrent pas plainte parce qu’ils et elles étaient terrorisé-e-s. Le gang bénéficiait de connections politiques, donc même la police se refusait à les arrêter. Si quelqu’un tentait de déposer plainte, une femme de sa famille était enfermée et violée par les membres du gang des semaines durant. Parfois ces représailles concernaient toutes les femmes et filles d’une famille, et elles étaient toutes violées, y compris les petites filles et les vieilles femmes.

Ce siège a duré deux ans, puis en juillet 2002, quelques villageois se retrouvèrent sur la place principale pour trouver une solution, si solution il y avait. Ils tentèrent de convaincre d’autres villageois de les rejoindre dans un mouvement organisé, et distribuèrent des tracts. Mais les autres villageois, craignant les représailles, ont vite jeté les tracts. Personne ne voulait se joindre à leur cri de protestation.

Barun Biswas s’avança, prit le micro en main et s’adressa aux villageois : « Si  nous ne pouvons protéger nos filles, nos sœurs, nos épouses et nos mères, alors nous ne devrions pas vivre au sein d’une société civilisée. Si nous n’avons pas le courage de combattre les violeurs, alors nous méritons une punition plus sévère encore que celle qu’ils méritent ».

La foule commença à l’écouter, et de plus en plus de gens s’assemblèrent. A partir de ce moment, Barun prit le rôle de chef du mouvement contre le gang et pour que justice soit faite aux victimes. Il mit en place une association pour les droits des villageois (la Pratibandi Mancha). Après un combat incessant, après tant d’efforts pour persuader les victimes de déposer plainte et d’identifier leurs bourreaux, l’organisation réussit à faire emprisonner le chef du gang ainsi que certains de ses membres. Cela ne fut pas chose facile pour Barun ; les membres de l’association étaient souvent agressés et même blessés. Malgré tout, la paix finit par revenir à Sutia.

“Les femmes étaient violées et molestées devant leurs maris et enfants. Le gang avait des soutiens politiques, et personne ne pouvait les arrêter. Personne ne savait où commencer jusqu’à ce que Barun ne parle lors de ce meeting dans la rue. C’était là l’étincelle dont nous avions besoin, et ce mouvement se transforma en l’agitation qui a fini par mettre au fin au règne de la terreur ». C’est ce que déclara Hitlal Bayen, l’un des voisins de Barun qui rejoint son organisation.

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Plusieurs victimes de viols déposèrent plainte auprès de la police et identifièrent les criminels. Barun aida aussi deux d’entre ells à se marier. Les victimes de viols sont stigmatisées en Inde, vues comme « souillées »  et « impropres » au mariage. Sutia fit de lui un héros, mais Barun ne relâcha pas son engagement. Alors que la paix régnait enfin, des membres du gang complotaient pour le tuer.

Le 5 juillet 2012, Barun rentrait chez lui quand on lui tira dessus à bout portant. Alors même qu’il gisait sur les marches de la gare, se vidant de son sang, les gens avaient trop peur pour lui venir en aide. Mourant, il dut utiliser son dernier souffle pour appeler son oncle à l’aide lui-même. L’aide arriva trop tard. Barun était déjà mort. Il avait à peine 39 ans.

On July 5, 2012, Barun was returning home and was shot point blank as he emerged from the railway station. Even as he lay bleeding to death on the steps at the station, people were too afraid to approach him to help. With his dying breath he had to call his uncle on his mobile and summon help for himself.  Help came too late. By then Barun was dead. He was just 39 years old.

© The 50 Million Missing Campaign.  Tous Droits Réservés. Pour citer, merci de vous référer à nos conditions de copyright.

Voir Aussi (en Anglais):

Film sur la vie de Barun http://en.wikipedia.org/wiki/Proloy_(film)

La famille de Barun pense que le PartiTrinamool Congress Party avait quelque chose  à voir avec son meurtre http://timesofindia.indiatimes.com/city/kolkata/Family-suspects-TMC-hand-in-Baruns-murder/articleshow/22041232.cms

Sutia craint à nouveau les viols et la violence après la mort de Barun http://timesofindia.indiatimes.com/city/kolkata/Wholl-save-us-now-cries-rape-village/articleshow/14738969.cms

http://origin-headlinestoday.intoday.in/programme/barun-biswas-anti-rape-crusader-rape-sutia-village-west-bengal/1/305087.html

Je Ne Veux Pas des “Dames D’abord”, Mais Qu’est-ce Qui Prend Ces Hommes ?

par Rita Banerji

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Cela m’exaspère lorsqu’un homme dit mielleusement « les dames d’abord ! ». Je trouve cela condescendant. En tant que femme, je me considère aussi capable que n’importe quel homme, et je ne vois pas pourquoi je devrais être traitée différemment.

De même, je rejette catégoriquement l’approche des « hommes d’abord » que je rencontre partout où je vais en Inde. En marchant dans la rue, en conduisant, chez les gens et même dans les bureaux. C’est une attitude qui déclare haut et fort que les hommes ont le droit de pousser les femmes de côté et d’être servis d’abord.

Cela m’est encore arrive hier dans une banque, me laissant rouge de colère. J’avais accompagné ma mère, qui voulait déposer des espèces. Il y avait une longue queue au guichet, je lui ai donc dit d’aller s’asseoir et que je ferais la queue pour elle. Un homme est venu se mettre derrière moi, puis a avancé pour se placer très près de moi. Je savais que son intention était de me mettre assez mal à l’aise pour que je recule et qu’il puisse prendre ma place. J’ai vu des hommes prendre cette liberté avec les femmes bien trop souvent. Il s’agit d’une déclaration agressive et silencieuse de privilège masculin. Je lui ai dit, tout haut et fermement, qu’il s’était placé hors de la queue et qu’il me mettait mal à l’aise ; qu’il était hors de question que je le laisse prendre ma place. Il n’a pas protesté, reculant silencieusement.

De manière très révélatrice, le seul à s’offusquer fut l’homme qui était au guichet. La notion de domination masculine planait sur toute la banque, comme c’est souvent le cas dans les lieux publics en Inde. Il y avait cinq guichets, tous occupés par des hommes. Je regardai autour de moi, et remarquai que sur les 25 client-e-s tout autour, seules 2 étaient des femmes. L’homme au guichet prit mon enveloppe, la mit de côté, puis à ma grande surprise il se pencha pour prendre le dépôt de l’homme qui était derrière moi. Il traita d’abord la demande de ce client, laissant la mienne pour plus tard. C’était ce fameux pacte silencieux entre hommes qui dit : remettons cette salope à sa place !

Pas besoin de vous dire que j’ai explosé de rage, après quoi ma demande fut traitée très rapidement. Le manager de la banque avança des prétextes stupides pour la conduite de son employé, ce qui m’énerva davantage. Par exemple, l’employé pensait apparemment que la demande de l’homme lui aurait pris moins de temps et qu’il pourrait ensuite traiter la mienne quand il aurait jugé qu’il avait le temps. Cette attitude n’était pas seulement sexiste, elle était aussi peu professionnelle. « Quelle genre de formation vos banquiers reçoivent-ils ? », ai-je demandé à savoir. C’était une de ces grandes banques privées – de celles qui ont placé des femmes à des postes hauts placés et qui se sont mises à crier « émancipation féminine ! » du haut de leurs toits. Les femmes tout en haut, foutaises ! Ce qui importe réellement, c’est comment doivent vivre les femmes ordinaires, des femmes comme vous et moi, au quotidien.

Alors à moins que chacune d’entre nous ne cause une tempête à chaque fois qu’elle est confrontée à l’une de ces situations de sexisme quotidien, et ne demande une action immédiate sur les lieux mêmes – rien ne changera.

Alors femmes, s’il vous plait, défendez-vous !

Agissez !

Demandez le respect de vos droits !

Faites-le PARTOUT où vous allez.

Faites-le CHAQUE JOUR

Faites-le à la MAISON.

Faites-le en PUBLIC.

Faites-le au TRAVAIL.

Souvenez-vous que votre peur et votre silence donnent du pouvoir à un environnement qui est horriblement et ouvertement répressif envers les femmes.

© The 50 Million Missing Campaign. Tous Droits Réservés. Pour citer, merci de vous réferer à nos conditions de copyright.

A PROPOS DE L’AUTEURE

 photo RitaRita Banerji est une auteure et activiste pour les droits des femmes, ainsi que la fondatrice de la 50 Million Missing Campaign pour stopper le génocide féminin en Inde. Son livre,  ‘Sex and Power: Defining History Shaping Societies,‘ porte un regard historique et social sur le rapport entre genre et pouvoir en Inde en tant que cause de l’actuel genricide de l’Inde. Son site internet est  www.ritabanerji.com Elle blogue surRevolutions in my Space et tweete sur @Rita_Banerji

Quand Les Ecoles Sont Dangereuses Pour Les Filles, Peut-On Parler d’Education ?

Traduit de l’original par Roxane Metzger

Le Premier Ministre Modi a récemment  déclaré à l’occasion d’une réunion nationale d’étudiants, qu’il avait l’intention de faire de l’éducation des filles une priorité indienne. Il a dit que son gouvernement avait mis en place plusieurs mesures afin de s’assurer que l’éducation soit une réalité pour toutes les filles, en construisant des toilettes spécialement pour elles, par exemple. Il y a des états en Inde où la moitié des écoles n’ont pas de toilettes, et ce problème mérite certainement de l’attention. 

Cependant, la 50 Million Missing Campaign pense que l’un des problèmes les plus graves, qui doit être traité de toute urgence, est l’escalade de viols et de violences contre les filles à l’école ou sur le chemin pour y aller ou en revenir.

De plus en plus, les écoles sont vues comme des endroits dangereux pour les filles en Inde. C’est l’une des raisons principales pour lesquelles beaucoup de familles des régions rurales et des bidonvilles refusent d’envoyer leurs filles à l’école, et les marient souvent à un très jeune âge. En fait, les rapports d’agressions sexuelles sur des fillettes se font aussi de plus en plus nombreux dans les écoles privées urbaines, où les parents dépensent beaucoup d’argent pour envoyer leurs enfants à l’école. De manière très surprenante, même ces écoles privées protègent les criminels et refusent aussi de prendre la responsabilité de la sécurité de leurs élèves. Récemment, dans la ville de Bangalore, des parents se sont insurgés car des écoles privées – profitant du manque d’écoles dans la ville – avaient voulu leur faire signer un formulaire de décharge disant qu’ils ne tiendraient pas les établissements pour responsable si leurs enfants étaient agressé-e-s sexuellement à l’école !

DE FAIT, ON NE PEUT PAS PARLER D’EDUQUER LES FILLES EN INDE, AVANT DE S’ASSURER TOUT D’ABORD QU’ELLES SOIENT EN SECURITE DANS LES ECOLES. LA QUESTION EST LA SUIVANTE : LE PREMIER MINISTRE ET LE GOUVERNEMENT PRENDRONT-ILS DES MESURES ADMINISTRATIVES ET LEGALES CONCRETES AFIN DE GARANTIR LA SECURITE DES ECOLIERES ?

CLIQUEZ ICI pour lire l’histoire de la victime du viol collectif de Suryanelli,  l’un des cas de viols collectifs les plus médiatisés et violents en Inde, dont la victim était une écolière kidnappée et vendue par le conducteur de son bus scolaire, puis prise en otage et violée par 42 hommes en 40 jours. Récemment, dans la ville de Kolkata, quand des étudiant-e-s se sont regroupé-e-s pour protester contre le manque d’action de l’Université contre une agression sexuelle collective sur la personne d’une étudiante sur le campus, le vice-chancellier a appelé la police, qui a ensuite agressé physiquement et sexuellement 16 des manifestantes. 

Cliquez ici pour en savoir plus (en anglais) .

Le vice-chancellier les a ensuite informées que telle était la réponse appropriée à leur « indiscipline ».

Ci-dessous, quelques extraits seulement des rapports de presse sur les violences faites aux filles et femmes, entre autres dans les écoles au cours de la dernière année en Inde portés à l’attention de notre campagne (tous les liens sont en Anglais).

 

Ecolière Kidnappée, Traînée d’Endroit en Endroit et Violée Collectivement Pendant 2 Jours (Maharashtra) CLIQUEZ ICI

Ecole pour les Aveugles Essaie de Taire le Viol d’une Etudiante par ses Employés en Payant les Parents (Bengale Occidental)  CLIQUEZ ICI

Professeure Violée Collectivement dans sa Classe (Rajasthan) CLIQUEZ ICI

Conducteur de Bus Scolaire et son Assistant Violent une Fillette de 11 and (Maharashtra) CLIQUEZ ICI

Ecolière de 11 Ans Violée et Tuée (Maharashtra) CLIQUEZ ICI

Jeune Fille de 14 ans Enlevée et Violée Collectivement sur le  Chemin de l’Ecole (Agra) CLIQUEZ ICI

Jeune Fille de 17 Ans Abattue par l’Homme Qui La Harcelait Depuis des Mois (Bengale Occidental) CLIQUEZ ICI

Conducteur de Bus Scolaire et son Assistant Violent Collectivement une Elève de 4 Ans à l’Intérieur du Bus (Maharashtra) CLIQUEZ ICI

Etudiante de 21 Ans Violée et Immolée Par le Feu par son (Uttar Pradesh) CLIQUEZ ICI

Fillette de 6 Ans Violée Collectivement Par ses Rpofesseurs dans une Ecole Privée; l’Ecole Refuse Toute Responsabilité (Karnataka) CLIQUEZ ICI

Une Ecolière de 9 Ans a été Kidnappée et Violée Par Un COnducteur de Pousse-pousse  (Delhi): cliquez ici

Une Fillette de 3 Ans Agressée Sexuellement à l’Ecole Maternelle (Bengale-Occidental)  CLIQUEZ ICI

Une Etudiante Infirmière Est Violée Dans l’Enceinte d’une Ecole Privée Après y Avoir été Attirée par des Sucreries Par une Employée (Lucknow)  CLIQUEZ ICI

Un Enseignant Diplômé en Droit Assassine Pour la DotA School Teacher and Law Graduate Murders For Dowry (New Delhi) CLIQUEZ ICI

Tentative de Viol et de Meurtre d’une Interne Dans ses Fonctions à l’Hôpital (Assam)CLIQUEZ ICI

Elève de 6ème Violée Collectivement et Immolée Par le Feu Par ses Violeurs, les Identifie Avan sa Mort (Bengale Occidental) CLIQUEZ ICI

Etudiante Violée Collectivement par ses Camarades de Classe (Lucknow) CLIQUEZ ICI

Fillettes Enlevées de leur Ecole Par des Hommes Armés, et Violées Collectivement (Jharkhand) CLIQUEZ ICI

Etudiante en Pharmacie Violée Collectivement Par ses Camarades de Classe, Puis Tuée Par le Feu (Madhya Pradesh) CLIQUEZ ICI

Ecolière Violée Collectivement Par son Petit Ami et ses Amis (Bihar) CLIQUEZ ICI

Directeur d’Ecole Dans le Tamil Nadu Immole son Epouse par le Feu pour la Dot (Tamil Nadu) CLIQUEZ ICI

Adolescente Victime d’un Viol Tente de se Suicider Après que son Violeur et Professeur Est Libéré Sous Caution ! (Goa) CLIQUEZ ICI

Ecolière Issue d’une Tribu Violée Par le Directeur de son Ecole (Orissa) CLIQUEZ ICI

Pourquoi Une Augmentation du Pourcentage de #Femmes dans le #Gouvernement Indien Ne Fera Pas Avancer la Condition des Femmes #Indiennes

image article 33%Actuellement, on ne compte que 11% de femmes au Parlement indien. Certains groupes féministes ont demandé à ce que 33% des sièges du Parlement soit réservés à des femmes. Cependant, ainsi que le montre l’article ci-dessous, les femmes déjà présentes à tous les niveaux du gouvernement font preuve d’une apathie totale vis-à-vis de la question des droits des femmes en Inde.

La vraie question est donc la suivante : comment faire pour que les femmes qui font déjà partie du gouvernement s’intéressent aux droits des femmes ?

NOUS AIMERIONS RECEVOIR TOUTES VOS SUGGESTIONS. MERCI DE NOUS LES ENVOYER PAR COMMENTAIRE CI-DESSOUS, OU PAR TWEET @50millionmissin

Par Debolina Dubois

Je regardais Eve Ensler, auteure des Monologues du Vagin (Vagina Monologues dans sa version originale) – sur une chaîne YouTube lors des manifestations suite au viol collectif de Dehli. On lui demanda ce qui, à son avis, pourrait aider à metre un terme aux violences contre les femmes en Inde. Sa réponse : « Inclure les femmes d’avantage », au gouvernement, à la police – aux positions de pouvoir et de décisions.

Malheureusement, en Inde, cette théorie ne marche pas. La culture du viol, l’indoctrination et la névrose religieuse sont telles qu’en Inde les femmes en position de pouvoir politique ne considèrent pas que le bien être de leur sexe, ou même la violence extrême perpétrée contre les femmes en Inde les concernent.  Elles ne prennent pas de mesures, ne tentent pas de faire passer de lois pour combattre ce fléau. Elles n’en parlent pas, et si cela était nécessaire pour maintenir l’état de terreur en place, elles n’hésiteraient pas à torturer femmes et enfants pour garder leurs positions de pouvoir. Lorsqu’on essaie de les forcer à reconnaître l’importance des droits des femmes, elles utilisent leurs convictions religieuses ainsi que l’endoctrinement patriarcal pour accuser et rabaisser les femmes un peu plus. Un bon exemple de ce phénomène est la gouverneure de l’état du Bengale-Occidental, Mamata Banerjee. Elle a accusé la victime d’un viol collectif très médiatisé à Kolkata d’être une menteuse. Lorsqu’une policière, Damayanti Sen, avait rendu cette affaire publique, elle s’est attirée des critiques de toutes parts avant d’être rétrogradée en représaille. La gourverneure a également déclaré que les femmes invitaient au viol en socialisant librement avec le sexe opposé, au lieu de rester à la maison – enfermées, comme de bonnes indiennes sont censées vivre.

Pour lire l’article en entier (et en Anglais) sur le blog de Debolina, CLIQUEZ ICI

 

A PROPOS DE L’AUTEURE

Debolina Dubois est une artiste visuelle et une féministe. Son mémoire de licence bilingue Français-Anglais porte sur « le Féminisme dans l’Art vs le Minimalisme dans le Design ». Son site internet est debolinadubois.net/

Nous avons remporté la Mention Honorable du « People’s Choice Award » du Prix Katerva ! Merci à toutes et à tous !

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Traduit de l’ original par Héloïse Metzger

 

Chères Amies, Chers Amis,

En mars dernier, nous vous avions informé-e-s que la 50 Million Missing Campaign avait été nominée comme finaliste pour du Prix Katerva de 2013 dans la catégorie Egalité des Sexes. Nous vous avions également demandé votre soutien pour le vote en ligne du « Public Choice Award ».

Nous vous remercions tou-te-s du fond du coeur pour votre soutien, et pour cette marque de confiance en notre travail. Ils viennent de nous permettre de gagner la Mention Honorable du Public Choice Award du Prix Katerva !!!

Le prix Katerva met en valeur les projets les plus innovants venant du monde entier, et a été surnommé le  »Prix Nobel du développement durable ».

Katerva contient 10 catégories de nominations pour des prix, et le Prix 2013 présentait 12 organisations nominées et 5 finalistes dans chaque catégorie. Pour voir les autres organisations nominées, finalistes et gagnantes dans la session 2013 de Katerva dans la catégorie Egalité des sexes, ainsi que dans les autres catégories, veuillez  cliquer ici.

Pour la liste des gagnants des prix Katerva 2013, veuillez cliquer ici.

Pour savoir comment 20% des femmes ont été systématiquement exterminées en Inde, veuillez cliquer ici .

Nous vous remercions beaucoup pour votre soutien ! La seule chose qui nous a permis de travailler sans relâche pendant les 8 dernières années pour arrêter ce que nous croyons être l’une des violations des droits de l’Homme les plus atroces de ce siècle est le soutien d’un demi-million de personnes qui viennent de plus de 200 pays différents. Votre soutien est notre pouvoir !

 

Avec gratitude,

 

Les Administrateurs et Administratrices de la 50 Million Missing Campaign

 

Rita Banerji

Manvendra Bhangui

Caroline Martin

Roxane Metzger

Girendra Singh

Lars-Gunnar Svärd

Andrea Wlazik

Présentation de la @50millionmissin Campaign à une classe en France

Par Roxane Metzger

En tant qu’éditrice du blog francophone de la 50 Million Missing Campaign, que coordinatrice de la campagne en France et que lycéenne, j’ai fait il y a quelques jours un court exposé sur la campagne et le génocide féminin de l’Inde à ma classe. Je voudrais partager cette expérience avec vous, ainsi que les questions qui m’ont été posées, et les réponses que l’on peut leur faire. Je pense que cette présentation s’est très bien passée, et que le problème dont il était question a beaucoup intéressé et choqué mes camarades de classe.

The 50 Million Missing Campaign PosterCar si tous savaient que l’Inde et la Chine connaissaient un problème de ratio sexuel, « problème » qui se traduisait en un manque de plusieurs millions de femmes dans la population adulte, je crois que la plupart ne réalisait pas la spécificité de la violence ciblée contre les femmes indiennes, motivée par la misogynie à laquelle viennent souvent s’ajouter les intérêts d’argent, dans les cas des meurtres de dot par exemple. Tout comme je l’ai été tout au long de cette dernière année, depuis que j’ai pris part à cette campagne,  je les ai vus d’abord s’étonner, buter sur les chiffres que je leur communiquais – 18 millions de filles manquantes sur la dernière génération dont 17 millions ont été tuées, et non supprimées avant la naissance, 25 millions d’  « enfants épouses », violées quotidiennement, une femme tuée toutes les 5 minutes lors de meurtres de dot – pour bientôt s’en indigner, se demander comment c’est encore possible, et surtout quels sont les moyens mis en œuvre, par la 50 Million Missing Campagin notamment, pour lutter contre ce génocide.

Cela a justement fait l’objet d’une question, à laquelle j’ai répondu que le combat de la 50 Million Missing se menait à la fois sur Internet, plateforme internationale de sensibilisation, mais aussi sur le « terrain » dans de nombreux pays, c’est-à-dire dans les classes, centres culturels, etc., dans le cadre d’exposés. Et enfin, sur le « terrain » indien, c’est-à-dire auprès de victimes d’agressions et de viols par exemple, à qui la campagne apporte un soutien moral, mais aussi en conseils légaux et en aides financières, dans le cas où des opérations chirurgicales sont nécessaires – ses membres donnant de l’argent directement à la femme concernée, et encourageant toute personne le pouvant à prendre contact avec elle, puisqu’il s’agit d’une campagne sans financement public ou privé, qui fonctionne à l’énergie et la détermination de ses volontaires ! Sa pétition adressée au gouvernement indien a été et continue d’être signée par des milliers de gens à travers le monde.

Très vite, une question s’est imposée : n’y avait-il pas en Inde plusieurs femmes très influentes au plan politique ? Il y a même eu une femme Première Ministre, Indira Gandhi. Et c’est bien une femme, Sonia Gandhi, qui est aujourd’hui à la tête du parti au pouvoir. Mais les femmes qui détiennent des responsabilités en Inde n’améliorent souvent en rien le sort des femmes qu’elles sont censées représenter. Par exemple, la « Chief Minister », ou chef du gouvernement du Bengale Occidental, Mamata Banerjee, a vu le taux d’infanticides féminins monter en flèche depuis qu’elle y est au pouvoir, alors que ce n’était pas une pratique traditionnelle de cette région, et Sonia Gandhi, pour sa part, protège des hommes politiques de son parti qui sont impliqués dans des affaires de viols, comme P.J. Kurien. Il semblerait que ces femmes politiques ne cherchent en rien à améliorer la condition des femmes indiennes, par pur intérêt politique, et mettent même un point d’honneur à ne pas le faire, peut être pour rassurer la société indienne qu’elles ne cherchent pas à bousculer l’ordre établi et misogyne. Il ne faut pas oublier que les femmes qui ont détenu ou détiennent des responsabilités politiques en Inde descendent pour la plupart de dynasties politiques commencées par des hommes – en tant que filles ou femmes d’hommes politiques.

Nous avons aussi discuté du terme de génocide pour qualifier ces femmes « manquantes ». Après avoir lu la définition qu’en donne L’Organisation des Nations Unies en 1948, j’ai suggéré que la réticence que l’on a souvent à le reconnaître comme tel tient peut être à une certaine réticence que nous avons, même ici en Europe, à reconnaître les femmes comme un groupe social, et un groupe contre lequel un crime de masse serait aussi grave que s’il était perpétré contre un groupe national ou religieux.Depuis 1948, on a défini comme génocide le meurtre ciblé de groupes humains autres que nationaux ou religieux (on peut penser aux handicapés massacrés par les Nazis lors de l’opération T4, par exemple). Et pourquoi ne le ferait-on pas ? En fait, dans le droit français, un génocide est défini comme le meurtre de masse ciblé d’un groupe humain défini sur des critères nationaux, ethniques ou religieux « ou sur tout autre critère aribitraire», et c’est ce que suggère la racine du mot même (genos signifie « naissance », « genre » ou « espèce » : un génocide serait le meurtre d’un groupe pour ce qu’il est à la naissance). Bien entendu, il n’y a pas en Inde une volonté d’exterminer jusqu’à la dernière femme, comme la volonté d’extermination totale d’un groupe a pu être manifeste dans d’autres génocides. Mais on sent bien que c’est parce que cela ne serait pas viable. Car dès qu’une femme revendique son existence propre, en dehors de ses fonctions et obligations envers son mari, sa famille ou belle-famille, et envers la société indienne toute entière, elle court le risque de mettre son intégrité physique et même sa vie en danger, que ce soit en refusant un avortement ou une énième demande d’argent de sa belle-famille, ou en contractant un mariage contre l’avis du conseil de son village (dans le cas des crimes d’honneur ).

Un de mes camarades a alors fait une remarque très intéressante : qualifier ce phénomène de génocide ne stigmatiserait-il pas les femmes comme un groupe complètement différent des hommes, ce qui pousserait à les discriminer ? On peut répondre à cela que les femmes sont bien un groupe social, ce qui, en soi, ne justifie aucune discrimination. Dire que la Shoah, par exemple, est un génocide, n’encourage en rien à l’antisémitisme. Bien au contraire, cela l’identifie comme la cause d’un crime aussi effroyable que massif. Il ne s’agit pas de comparer le genricide, comme il est aussi appelé, à la Shoah ou à tout autre génocide de l’Histoire, mais de se demander si ce qui se passe encore aujourd’hui en Inde a cela de commun avec eux qu’il est un meurtre et une violence de masse ciblés contre un groupe humain, et motivés par la haine de ce groupe. Une de mes camarades se demandait si les meurtres de dot, par exemple, s’expliquaient par la misogynie, ou par l’appât du gain. Mais la pratique de la dot elle-même montre que les femmes indiennes sont considérées comme des poids pour leurs familles, qui payent pour les marier. Cette misogynie qui a poussé à mettre en place la dot dans la tradition indienne est encore présente quand plus d’une centaine de milliers de femmes est tuée annuellement car sa famille ou elle-même refusent de continuer à payer sa dot, toujours augmentée par les demandes de la belle-famille, des années après le mariage.

Nous avons terminé sur la question du viol, si répandu en Inde. L’affaire du viol collectif de Delhi, l’un des rares qui a connu une couverture médiatique ici en France, a-t-elle contribué à sensibiliser les gens sur cette question ? A-t-elle amélioré le sort des victimes de viols ? Il faut bien répondre à ceci que les survivantes de viols, celles qui n’en meurent pas comme ce fut le cas de la victime de New Delhi, ne connaissent jamais le soutien de l’opinion publique comme l’a connu cette jeune femme, une fois morte. On n’a jamais appelé la survivante du viol collectif de Suryanelli, par exemple, âgée de 16 ans lorsque kidnappée et violée par plus de quarante hommes en un peu plus d’un mois, du nom de « trésor », comme ce fut le cas de Jyoti Sigh Pandey (victime du viol collectif de Delhi). Au contraire, on l’a humiliée chez le gynécologue, au commissariat puis au tribunal, où elle a été qualifiée de menteuse perverse (avec pour argument qu’elle n’assumait pas la responsabilité de ses accidents urinaires nocturnes dans sa petite enfance), mise au ban de la société dans son village, et ce depuis 1996. L’affaire tragique de Delhi a bien permis de sensibiliser l’opinion publique internationale au sujet des viols en Inde, et a fait l’objet de la condamnation à mort de quatre des six violeurs. Mais tout le système policier, hospitalier et judiciaire qui a laissé la victime de Delhi agoniser, d’abord dans la rue puis sur le sol de l’hôpital, n’a pas été condamné, alors que coupable lui aussi.

Je pense vraiment que cette présentation nous a tous beaucoup enrichis, nous permettant de discuter autour de ce sujet souvent méconnu en Occident, et j’encourage vivement quiconque le souhaitant à faire une petite présentation de ce type, que ce soit à sa classe au lycée, dans un cours de langue pour adulte, dans une bibliothèque ou un club de lecture… Ou dans tout autre endroit !

 

 

© The 50 Million Missing Campaign. Tous droits réservés. Pour partager, merci de vous référer à nos conditions de copyright.

A PROPOS DE L’AUTEURE

roxane metzger smallRoxane Metzger est l’éditrice/coordinatrice du blog francophone de la 50 Million Missing Campaign.

 

Votez pour la @50millionmissin Campaign pour le Prix Katerva dans la Catégorie Prix Public !(« People’s Choice Award »)

tags: Egalité entre les Sexes, Genricide, Katerva, Prix Public, The 50 Million Missing Campaign

 

Chers Amis,

Nous sommes ravi-e-s de vous informer que la 50 Million Missing Campaign (Campagne des 50 Millions Manquantes) pour mettre fin au genricide féminin en Inde a été sélectionnée comme Finaliste pour le prix Katerva 2013 dans la catégorie Egalité entre les Sexes (« Gender Equality »). Le prix Katerva attire l’attention sur les projets les plus innovants venant du monde entier, et a été décrit comme « le Prix Nobel du Développement Durable ».

Katerva propose un Prix Public (People’s Choice Award), pour lequel il invite l’opinion publique à choisir un finaliste qui a, selon elle, le plus à offrir au monde. C’est là que nous avons besoin de votre soutien !MERCI DE VOTER POUR la 50 Million Missing Campaign EN TANT QUE VOTRE CHOIX pour le Prix Public.

POUR VOTER, CLIQUEZ ICI.  Puis cliquez sur le signe rouge au milieu de la page. Il vous sera alors proposé de vous créer un compte (ce qui ne vous prendra qu’une petite minute), ou de vous enregistrer. Le vote est ouvert du 7 au 28 mars 2014.

Depuis sa fondation en 2006, la 50 Million Missing Campaign a été une campagne vivant sans aucun financement, animée entièrement par l’effort des volontaires. Nous sommes aussi le seul groupe de pression populaire qui œuvre pour que soit reconnue la responsabilité des pouvoirs publics, et que soit entreprise l’action contre le genricide féminin, en tant qu’urgence internationale des droits de l’homme.

Pour en savoir plus à propos de notre politique de « financement zéro », veuillez cliquer ici

Pour en savoir plus sur les 3 objectifs phares de la campagne, veuillez cliquer ici

Pour savoir comment 20% des femmes ont été exterminées systématiquement en Inde, veuillez cliquer ici

Nous vous remercions chaleureusement pour votre soutien ! La raison pour laquelle nous avons réussi à oeuvrer sans relâche au cours des 7 dernières années afin de mettre un terme à ce que nous considérons comme l’une des pires violations des droits de l’Homme de ce siècle est la présence d’un demi-million de personnes nous soutenant à travers plus de 200 pays. Votre soutien est notre pouvoir !

avec gratitude,

Les Administrateurs de la 50 Million Missing

Rita Banerji

Manvendra Bhangui

Caroline Martin

Roxane Metzger

Girendra Singh

Lars-Gunnar Svärd

Andrea Wlazik

 

En Quoi l’Annihilation des #Femmes Indiennes est-elle un #Génocide?

par Rita Banerji

Traduit de l’original par Roxane Metzger

poster designed by Abro. All Rights Reserved. This poster is at The Library of Congress, Washington D.C.

Poster conçu par Abro ©. Tous Droits Réservés. Ce poster se trouve à la Bibliothèque du Congrès à Washington D.C.

Quelqu’un m’a laissé un message sur mon site flickr, en réaction à un de mes posts  sur le génocide féminin en Inde. Il m’a écrit, « le mot ‘génocide’ ne s’applique pas ici; son utilisation dans ce contexte ne fait que dégrader le mot ».  Je lui ai demandé de m’expliquer pourquoi. Ce à quoi il a répondu: « Cette situation ne correspond pas à la définition légale d’un génocide [selon] la Convention sur la Prévention et la Répression du Crime de Génocide de l’ONU de 1948 (CPRCG). »

L’Article de l’O.N.U. définit le génocide comme:

(a) Le meurtre de membres du groupe;

(b) L’atteinte grave à l’integrité physique ou mentale de membres du groupe;

c) La soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle;

d) La prise de mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe;

e) Le transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe.

J’ai donc contre-argumenté. « Il s’agit précisément d’un génocide selon cette définition du génocide. »  Les femmes sont tuées en Inde à toutes les étapes de la vie, avant et après la naissance, simplement parce qu’elles sont du sexe féminin. Ceci n’arrive pas aux garçons et aux hommes! Il s’agit de l’élimination DE MASSE, CIBLÉE contre un groupe en particulier.

Plus de 50 millions de femmes  ont été éliminées en Inde en 3 générations. Plus d’un million de fœtus féminins  sont avortés de manière sélective chaque année. Les compagnies médicales occidentales se bousculent pour procurer à ce marché misogyne des technologies novatrices. Des milliers de nouveaux-nés féminins sont étranglées, noyées ou Lire la suite